Voilà un livre qui est une merveilleuse aventure, tant par l’extraordinaire histoire de Yacouba SAWADOGO qui y est retracée, que par la beauté, l'éloquence et l'intelligence de la plume de Damien DEVILLE, qui nous restitue un Sahel rural vibrant, rempli de couleurs, de senteurs, d'agitation, de rires, de courage, de force et d’espoir.
Yacouba, est burkinabé et commerçant lorsqu’en 1980 la sécheresse entraine la désertification de sa région. La population abandonne le village et se résigne à tenter sa chance dans les villes, dont Yacouba sait combien, issues du modèle occidental, elles ne sont que des mirages où règnent également famine et misère, et où, coupés de leur culture et de leurs racines, les villageois vont aussi perdre leur âme.
Il décide donc de rester et de lutter contre le désert, il vend son commerce et, comme le faisaient les membres de sa lignée, de transformer « les sols gercés en fertiles oasis. ». En quête de ses racines, il consulte les anciens qui lui content la « grande assemblée des arbres » et lui font redécouvrir le Zaï, une méthode ancestrale de culture, qu’il perfectionne avec l’aide d’un peule du Mali voisin, qui utilise une technique particulière pour limiter le ruissellement de l’eau. Sa persévérance et sa pugnacité lui permettront, malgré ses échecs et la résistance de ces compatriotes, de créer une forêt et tout un écosystème.
Elle est vraiment belle, cette histoire de Yacouba, cette histoire universelle de l’homme face à la nature, un récit digne des plus beaux contes : l’homme qui arrêta le désert ! Je salue particulièrement son humilité, son intelligence, sa bravoure, la force de sa foi et la petite graine de folie qui lui ont permis de réaliser l’inconcevable et devrait inspirer chacun d’entre nous quant aux enjeux liés au changements climatiques.
Yacouba mène une vie simple et laborieuse mais heureuse car elle est pourvue de sens. Il transmet aujourd’hui son savoir, avec sagesse et poursuit son autre rêve, redonner la paix aux hommes, auquel il contribue en leur apprenant à planter, ensemble, des arbres dans le désert.
Par leur équilibre, leur vocation à créer des liens réciproques, les arbres portent en eux le potentiel de réajuster les cycles du vivant, d’établir un microclimat favorable à la permanence de la vie et, enfin, de constituer un rempart d’humidité pour la forêt elle-même, mais aussi pour tous les champs qui l’entourent. Yacouba le savait, Yacouba le disait. Mais il se heurtait à des oreilles sourdes et à des visages impassibles. Il fut pris pour un fou.
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